Les chemins de la peste le rat, la puce et l'homme by Fréderique Audoin-Rouzeau

Les chemins de la peste le rat, la puce et l'homme by Fréderique Audoin-Rouzeau

Auteur:Fréderique Audoin-Rouzeau [Vargas, Fred]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Epidémiologie, Histoire, santé publique, médecine
ISBN: 9782847344264
Éditeur: Presses universitaires de Rennes
Publié: 2007-03-21T23:00:00+00:00


Le Brésil

10Les travaux de Y. Karimi et alii sont souvent cités à l'appui de la contagion par la puce de l'homme. L'étude menée sur les zones de peste diffuse au Brésil, marquée depuis 1935 par des périodes d'activité, de survenues de successions de cas épisodiques séparés par de longues années de silence, se concentra dans la région d'Exu, au nord-est du pays, et particulièrement sur le foyer de Chapada do Ararepe. Dans cette région, le rat pullulait dans les maisons des paysans. Les observations d'Y. Karimi l'amenèrent à conclure que le premier malade avait contracté la peste dans les champs, à plusieurs kilomètres de son domicile, où il revint pour mourir et infecter ses propres Pulex irritans, et que le rôle de ces P. irritans dans la transmission interhumaine de la peste, provoquant les cas en bouffées familiales, est indiscutable10.

11Il est exact que la collecte de puces effectuée durant deux années par l'équipe dans les maisons des paysans et sur les paysans eux-mêmes met en valeur la suprématie de l'espèce Pulex irritans, néanmoins sujette à caution :

La pose de 1 109 pièges à eau (assiettes ou plateaux de 30 sur 50 cm de côté et de 2 à 4 cm de hauteur) dans 280 maisons permet de récolter 6 186 Pulex irritans, 465 Xenopsylla cheopis, 1 098 Ctenocephalides (canis et felis), 28 Polygenis bohlsi jordani et 2 Polygenis tripus. Soit en moyenne 79,5 % de Pulex irritans, 14,1 % de Ctenocephalides (canis et felis), 6 % de Xenopsylla cheopis et 0,4 % de Polygenis. Rappelons cependant que cette technique de capture par piège à eau (de type Delanoë) a été très tôt démontrée à Madagascar par G. Girard comme inadaptée pour la récolte des Xenopsylla cheopis. La disproportion des pourcentages obtenus par Y. Karimi rappelle en effet exactement celle obtenue par G. Girard à Madagascar avant qu'il n'utilise le piège spécifique à Xenopsylla cheopis mis au point par F. Estrade, qui lui livra de très grandes quantités de Xenopsylla. Cette abondance de Pulex irritans dans les pièges à eau des maisons brésiliennes doit donc être sérieusement remise en question.

Afin de compenser cette récolte sélective, l'équipe de Y. Karimi procède, comme l'avaient fait G. Blanc et M. Baltazard au Maroc, à la récolte des poussières, selon la technique de Devignat. Y. Karimi lui-même reconnaît que en vérité ce n'est pas la méthode de choix pour capturer les puces car elles fuient lors du balayage de la poussière. Cette technique ne leur permet de récolter que des œufs et de constater que X. cheopis ne pondait pas dans la poussière de maison, ou au moins, ne pondait pas à l'époque de nos investigations (de mi-juillet à septembre)11. En outre, au lieu des 280 maisons prospectées avec des pièges à eau, la récolte des poussières ne fut effectuée que dans 4 maisons seulement. Les échantillons ne sont donc pas comparables.

Cette technique de capture ne fournit donc pas de résultats plus pertinents, concernant la présence réelle de Xenopsylla cheopis, que celle des pièges à eau.



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